Danielle Darrieux : celle qui a illuminé le cinéma français
Danielle Darrieux avait plus de 100 ans (née le 1er mai 1917 à Bordeaux). Elle est apparue dans plus de 110 films, entre 1931 (elle aurait presque pu faire du Muet !) et 2010. Sans oublier une quarantaine de téléfilms ou séries télé (entre 1960 et 2010).
Cent ans d’élégance, 80 ans de cinéma
Mais, ce qui restera d’elle, c’est cette élégance, cette jovialité, cette malice qu’elle a su garder durant toutes les périodes qu’a connu sa (très) longue carrière.
DD a été lancée par les plus grands ! Le jeune Clouzot (Château de rêve dès 1933), les exilés Wilder (Mauvaise graine, réalisé à Paris en 1934) et Siodmak (La crise est finie, toujours en 1934).
Elle explose avec les films de son premier mari, et éternel ami, Henri Decoin, J’aime toutes les femmes, en 1935.
Danielle Darrieux dans Château de rêve de Henri-Georges Clouzot
Mais c’est en 1936, avec Mayerling que Litvak lui donne une stature internationale. Cela va lui permettre de faire un premier passage à Hollywood (1936-1937) où elle s’ennuie de Paris.
Elle retournera à la capitale dès 1938 pour des grands films avec Maurice Tourneur et toujours Decoin (dont elle divorce en 1941). Elle retrouvera le chemin des studios à la fin des années 40 avec des succès d’Autant-Lara, notamment Le Rouge et le Noir, d’après Stendhal.
Son deuxième pygmalion (après Decoin) s’appellera Max Ophuls, (le maître) qui lui donnera, trois rôles inoubliables dans :
- La Ronde (1950),
- Le Plaisir (1952),
- et surtout Madame de… (1953).
Entre temps, retour à Hollywood pour ses plus beaux films américains : Riche, jeune et joli de Taurog et bien sur L’Affaire Cicéron de Mankiewicz dans lequel elle envoute le sublime James Mason.
La Nouvelle Vague la percutera de plein fouet grâce à deux cinéastes qui lui seront fidèles : Jacques Demy et Paul Vecchiali… Des cinéastes qui continueront à la faire tourner jusque dans les années 80.
C’est enfin, François Ozon et Marjane Satrapi, qui lui donneront des rôles au XXIe siècle avec des petits rôles dans 8 femmes et dans Persepolis, où sa voix campe le rôle de la grand-mère, peut-être le statut qu’elle avait jusqu’à hier encore : la (belle) grand-mère du cinéma français…
Outre son activité théâtrale (40 pièces de théâtre entre 1937 et 2004), alors qu’elle n’avait aucune formation en Art Dramatique, elle était aussi une chanteuse à succès : son tube de 1941 Le premier rendez-vous a été samplé plusieurs fois !
Une artiste complète qui a illuminé le cinéma français
Une présence pendant 80 ans (record absolu ?) à l’image, avec une petite interruption entre 1942 et 1946. Peut-être la seule « tâche » de sa carrière : elle paya son « ouverture d’esprit » par rapport à la Continentale (société de production allemande installée à Paris durant l’occupation) et son voyage à Berlin en 1942 (sic), quand bien même elle aurait eu des circonstances atténuantes (son second mari détenu par la Gestapo) : No comment!
Bref, c’est une artiste totale, complète et cohérente qui est partie hier matin, une actrice qui a illuminé le cinéma français de son mystère et de sa grâce, et puis, tu sais, DD, elle avait aussi de très beaux yeux !
2017, une année noire pour le cinéma français
Décidément, cette année 2017, restera comme l’année représentant la fin d’une ère, la disparition d’une époque, d’une belle époque ? Le 20 décembre 2016 (à l’aube de cette année 2017) disparaissait Michèle Morgan, celle qui avait « de beaux yeux, tu sais ! »
Pouvions-nous croire qu’après elle, allaient disparaître trois autres actrices populaires et fondatrices du cinéma français ? Jeanne Moreau (au cœur de l’été), Mireille Darc (au début de l’automne) et enfin (?) Danielle Darrieux.
Tout un pan de notre cinéma national est endeuillé par le départ de ces quatre visages, de ces quatre corps et de ces quatre voix qui résonneront encore longtemps dans les salles obscures et dans nos écrans lumineux.
Michèle Morgan, Mireille Darc, Jeanne Moreau et Danielle Darrieux